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Grimoire d'une Dragonne
13 janvier 2008

Alexandrin à la mémoire

J’ai froid, je tremble, j’ai peur. J’entends les bruits de ma course

Dominant les battements désordonnés de mon cœur.

Dans cet immense couloir glacé de silence,

Je fuis, poursuivie par mes infinies frayeurs.

Laissant derrière mon malheureux avenir,

Certaine, je me dirige vers mon passé,

Quand devant une porte m’arrête troublée :

Vais-je enfin connaître ce secret souvenir ?

 

Prés de la cheminée un vieil homme est assis

Sur les genoux un chat à l’agate claire.

Sur cet étrange tableau jouent les lumières

Des flammes dansantes au couchant de leur vie.

Mordue par le froid je vais vers ces créatures,

Mi-anges mi-démons, mais quelle est leur nature ?

Inconsistantes elles appartiennent

Aux souvenirs, aux mémoires indiennes.

 

Pourtant il me semble manquer quelques personnes,

Juste une ou deux, à cette idyllique peinture,

Les enfants insouciants jouant dans la mature,

Roux et brun, blanc et noir, leur absence résonne.

Le navire incomplet vogue sans capitaine.

Où est cet être étrange, froid et transparent,

Cette femme mystérieuse aux yeux porcelaines,

Insaisissable météorite filant ?

 

Encore perdue dans les méandres rouges

De la mémoire, j’ai quitté grand-père et chat.

Les longs couloirs qui inlassablement bougent

Me rapprochent de l’avenir et du trépas

Sans que jamais je ne connaisse la vérité,

Infatigablement je fuis vers mon passé

Pour m’éloigner de mes éternelles frayeurs,

Et repeindre des couleurs du bonheur, mon cœur.

 

La mémoire joue des tours qui prennent garde

Tours à tours, de ma folle course au doux regret

Empreint du douloureux souvenir des bardes

D’antan que chantent encore les sphères étoilées

De la voûte céleste. Je vais dans les éthers

Les rejoindre pour enfin retrouver mon âme.

Ma mémoire fermée au terrible secret

N’a jamais voulu s’offrir au doux souvenir

De ce passé heureux empli de liberté,

De folle insouciance sans peur de l’avenir.

En vain, aujourd’hui, J’ouvre les portes vides

De souvenirs, vides de toutes mémoires.

Et effrayée devant mon glacial miroir

Et l’image de la vieillesse et ses rides.

 

14-07-98

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